Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     GROS     
FEW IV grossus
GROS, adj. et subst. masc.
[AND : gros1 ; DÉCT : gros ]

I. -

Adj.

A. -

[D'une chose]

 

1.

"Gros" : Et des .IIII. elemens le plus bas et le plus gros c'est la terre toute ronde (ORESME, C.M., c.1377, 68).

 

2.

"Grossier" : Et ce peut l'en cuider parce que nous voions que, de tant comme feu est en matiere plus grosse et plus compacte et moins subtille, de tant est il plus violent et plus actif, si comme en un fer chaut plus que en un tison de busche et en un tison plus que en flamme. (ORESME, C.M., c.1377, 402).

 

3.

Au fig. "Dépourvu de nuances" : ...car cecle est la superfice ou espace ou aere qui est contenue en la ligne circulaire appellee circunference, aussi comme l'en diroit en gros exemple que le funs du tonneau est aussi comme le cecle et ce que l'en seult appeller cecle est aussi comme la circunference. (ORESME, C.M., c.1377, 380).

 

4.

"Épais" : Les autres dient que pour ce que la lune est de froide nature en vertu, elle attrait continuelment vapeurs grosses qui sont entre nous et elle et sont causes de celle apparence. (ORESME, C.M., c.1377, 454).

 

5.

[De la voix humaine] : Et avecques ce il a grosse voiz et parle estroit a loisir et ordeneement (ORESME, E.A., c.1370, 256).

 

-

Empl. adv. [À propos d'un objet qui émet des sons] "Fort" : Item, aucuns des anciens qui mettoient son es cielz disoient que le ciel qui est le plus bas, c'est a savoir l'espere de la lune, resone le plus accu ou gresle et que la plus haute espere resone le plus gros son ou le plus bas et les autres moiennement par ordre touzjours la plus basse plus acuement. (ORESME, C.M., c.1377, 480).

B. -

[D'une femme] "Enceinte" : Si comme aucunes femmes grosses ont appetit de mangier fruiz vers ou char crue, pour la cause que les medicins scevent bien. (ORESME, E.A.C., c.1370, 380).

II. -

Subst. masc. plur. "Hommes d'un haut rang social" : Item, une autre cautele est faire que les subjéz se entreaccusent de crimes, et que l'en mecte et procure entre eulz turbations et discordes de amis contre amis et du menu peuple contre les gros et notables ; et des riches, les uns contre les autres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 245).
 

Oresme Charles Brucker


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